Le bassin de vie des 6 villes du réseau Tonicités (Metz, Thionville, Longwy, Arlon, Esch/Alzette, Luxembourg) compte une population de 1,4 million d'habitants, dont 200 000 travailleurs frontaliers qui génèrent quotidiennement une pression extrêmement forte sur les systèmes de transport. Au vu des prospectives économiques et démographiques du Grand Duché du Luxembourg, et des tendances actuelles, on estime qu'à horizon 2035, le nombre total de frontaliers y travaillant devrait progresser de 90 000 à 130 000. Dans ce contexte, il devient indispensable que les acteurs institutionnels du territoire travaillent en commun sur des hypothèses d'évolution du territoire pour organiser efficacement la mobilité des personnes et des marchandises au sein de la Grande Région. Au vu de la complexité des phénomènes de mobilité transfrontalière et des enjeux en termes d'accessibilité et de développement des territoires, le recours à un outil d'aide à la décision dont la gouvernance serait partagée, est incontournable. Il prendrait la forme d'un modèle multimodal transfrontalier de prévision des déplacements des biens et des personnes. Cet outil partagé fait actuellement défaut au territoire. Des modèles de prévision des trafics existent déjà mais présentent tous des limites dans leur domaine d'usage, empêchant une analyse globale de la problématique. En particulier, aucun modèle n'est suffisamment développé sur le transport de marchandises pour permettre des analyses de l'effet du développement des plate-formes logistiques. Côté français, 2 modèles existent, centrés sur l'analyse du projet A31bis : un modèle régional exclusivement routier et qui intègre les flux Poids Lourds longue distance, un autre transfrontalier et multimodal, axé sur les déplacements des voyageurs du bassin de vie de Thionville. Côté luxembourgeois, les modèles présentent de nombreuses limites car ils ne prennent en compte ni le fret, ni les flux de transit, ni les données françaises en raison du manque d'informations disponibles, de la complexité technique et du coût de la simulation des emplois. Côté wallon, il n'existe plus de modèle de trafic depuis les années 90. Seul un projet, VirtualBelgium, tient compte de la diversité des motifs de déplacements et des chaînes de déplacements mais ce modèle n'est ni multimodal, ni prospectif. L'objectif du modèle transfrontalier est de fournir à chaque versant du territoire une base de connaissances partagée sur les principaux enjeux actuels et à venir en termes de mobilité des biens et des personnes. Il devra permettre d'évaluer les effets de différents scénarios d'évolution de l'offre de transport et de la demande de déplacement pour ouvrir des espaces de réflexions communs visant à faciliter le co-développement harmonieux du territoire transfrontalier.