Les conséquences microéconomiques de la désunion.

Lorsqu'un couple se sépare (divorce ou rupture d'union libre), la première conséquence microéconomique de court terme est l'éventuelle perte de niveau de vie monétaire. Pour étudier ce phénomène, dans une première partie de ce document de recherche, nous menons une revue de littérature, essentiellement américaine et anglaise (car il existe peu de travaux sur le sujet dans la littérature francophone). Cette revue de littérature permet de lister les quelques faits stylisés suivants : les femmes subissent une nette dégradation de leurs ressources et de leur niveau de vie dans l'année qui suit leur séparation ; en ce qui concerne la variation du niveau de vie des hommes, les résultats sont moins convergents ; la situation des femmes après le divorce est moins favorable que celle des hommes ; on observe généralement un accroissement de l'offre de travail des femmes, accroissement qui permet de limiter la perte de niveau de vie, et une légère baisse de l'offre de travail des hommes ; enfin, le comportement matrimonial de remise en couple de la part des femmes constitue leur meilleure garantie pour préserver, voire accroître, leur niveau de vie. Dans la seconde partie de ce document de recherche, nous cherchons à savoir si les mêmes faits stylisés s'observent en Europe. Pour ce faire, nous avons mobilisé les huit vagues de l'European Community Household Panel (1994-2001), du moins pour les onze pays de l'Union européenne pour lesquels huit vagues d'enquêtes longitudinales sont disponibles. L'analyse repose alors sur un peu moins de 2000 individus en âge d'être actifs pour lesquels on a pu déterminer qu'ils avaient connu une séparation lors de l'année t ; et nous comparons ainsi leur situation, du point de vue du niveau de vie de l'offre de travail, entre l'année t-1 et l'année t+1. Les résultats de cette analyse montrent que l'on retrouve assez largement les faits stylisés issus de la littérature anglo-saxonne. Mais au-delà de la différence selon le genre, l'analyse s'attache par ailleurs à différentier les variations de niveau de vie selon plusieurs caractéristiques : la statut matrimonial (marié versus en union libre) en t-1, la charge d'enfant(s) en t+1, le statut d'apporteur principal de ressources (breadwinner) en t-1 et l'éventuelle remise en couple en t+1. Ensuite, l'analyse propose une décomposition de la variation des niveaux de vie : quelle est la part de la variation des niveaux de vie attribuable aux changements dans la composition démographique des ménages (variation du nombre d'unités de consommation), à la variation des revenus d'activité de l'individu, à la variation des revenus d'activité du conjoint, à la variation des transferts sociaux, à la variation des transferts privés ? Enfin, l'analyse des changements d'offre de travail est menée en distinguant plusieurs situations : maintien dans le non emploi, stabilité dans l'emploi (maintien d'un temps plein ou maintien d'un temps partiel), accroissement de l'offre de travail (passage du non emploi à l'emploi ou passage du temps partiel au temps plein) et baisse de l'offre de travail (passage de l'emploi au non emploi ou passage du temps plein au temps partiel). La conclusion du document propose brièvement une analyse économétrique des facteurs pouvant expliquer l'évolution de court terme des niveaux de vie à l'issue d'une séparation, et donne quelques pistes méthodologiques pour poursuivre cette recherche.