Réseaux sociaux et classements ordinaires dans les quartiers frontaliers. Une comparaison à partir de trois terrains européens

Garance Clément, Alexis Gumy, Ander Audikana Arriola, Laurie Daffe, Guillaume Drevon, Vincent Kaufmann

Résultats de recherche: Contribution à une conférencePaperRevue par des pairs

Résumé

Les espaces frontaliers constituent des milieux d’enquête privilégiés pour analyser des opérations de classement ordinaire croisant les dimensions de classe, de race, de nationalité et d’appartenance territoriale. Les différentiels économiques, juridiques et fiscaux entre Etats, de même que les variations dans les politiques migratoires et sociales y sont particulièrement manifestes et constituent de puissants moteurs de catégorisation des populations frontalières (Clément 2018). Mais la proximité spatiale entre deux territoires nationaux se traduit également par la construction d’un tissu de pratiques et de relations transfrontalières (Hamez 2005 ; Dubois et Rérat 2012) qui transforment les catégories de perception des habitants. Les manières d’agir, de penser et de sentir des individus sont le produit d’une socialisation qui fait intervenir une pluralité de répertoires sociaux (Lahire 1998, Bidart 2008) ainsi qu’un ensemble d’espaces fondateurs (Gotman 1999 ). Il devient alors particulièrement intéressant d’appréhender les processus d’altérisation en lien avec les propriétés de l’entourage et de leur milieu de vie et des « quartiers-milieux » (Authier 2007). Dans cette communication, nous proposons d’analyser la manière dont le réseau social et sa spatialisation interviennent dans la production spontanée de classements chez les habitants de trois terrains transfrontaliers. Nous formulons l’hypothèse que ces classements varient selon l’appartenance sociale mais aussi selon la dimension plus ou moins transfrontalière de la socialisation des individus. L’agglomération lilloise, le Grand Genève et le Pays Basque ont été retenus comme terrains d’enquête dans le cadre d’un projet de recherche plus large portant sur les modes de vie transfrontaliers. Ils ont en commun d’abriter une importante diversité de population et d’espaces urbains. Ils permettent également de tenir compte de variations linguistiques nationales et régionales. Ils intègrent enfin la question de l’appartenance à l’Union Européenne et du contrôle exercé sur les mobilités et les relations transfrontalières. La recherche s’appuie sur une enquête par questionnaire menée auprès d’un échantillon représentatif de 1200 personnes par terrain, au sein d’un périmètre établi sur la base de limites administratives mais dans lequel les communes les plus proches de la frontière sont sur-échantillonnées. Le questionnaire interroge la distribution géographique, nationale et sociale des « autrui significatifs » (de Singly 1996) désignés par chaque répondant. Il enregistre également les modalités par lesquelles les répondants décrivent, relativement aux leurs, les positions sociales des populations avec lesquelles il cohabitent au sein du territoire transfrontalier. Cette phase de l’enquête s’articule ensuite à une démarche ethnographique microlocalisée dans plusieurs quartiers et institutions retenus pour l’intensité des relations transfrontalières qui s’y nouent. Après avoir précisé nos questions de recherche et la méthode d’enquête, nous présenterons les premiers résultats en deux temps. Nous exposerons d’abord les différents types de réseaux sociaux repérés à l’échelle des trois terrains, leurs propriétés sociales, les types d’espace auxquels ils se rapportent et la manière dont ils influencent les catégories de perceptions des habitants. Ce premier temps permettra de mettre en évidence le rapport entre la structuration sociale de l’entourage et les opérations de classement ordinaire dans le contexte spécifique des espaces frontaliers. A partir des matériaux qualitatifs, nous décrirons ensuite plus finement comment les processus de classement s’ancrent localement, se transmettent et se reconfigurent d’une génération à l’autre. Ces deux temps de la présentation nous permettront pour finir d’apporter des éléments de discussion sur l’intersection entre les dimensions spatiales et sociales de la construction des représentations et des pratiques classantes.
langue originaleFrançais
étatPublié - 28 août 2019
Modification externeOui
EvénementCongrès de l'Association Française de Sociologie
- Aix-en-Provence, France
Durée: 27 août 201930 août 2019

Une conférence

Une conférenceCongrès de l'Association Française de Sociologie
Pays/TerritoireFrance
La villeAix-en-Provence
période27/08/1930/08/19

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