Les déterminants de l'insertion des femmes sur le marché du travail au Mali

Assa Doumbia-gakou, Mathias Kuepie

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    Abstract

    L'objectif de cette étude est de cerner les facteurs qui conduisent des femmes maliennes à intégrer le marché du travail et à y occuper une position spécifique. Nous commençons par présenter un cadre théorique qui fait appel à trois théories explicatives de la position de la femme sur le marché du travail : les théories féministes qui montrent que la position défavorable des femmes sur le marché du travail n'est qu'un prolongement de leur situation dans la société ; la théorie des stratégies de survie qui postule que la participation des femmes est fortement liée aux contraintes de survie des ménages et la théorie standard d'insertion sur le marché du travail, en l'occurrence la théorie du capital humain. Ces théories peuvent en effet très bien s'appliquer à la société malienne où la pauvreté est généralisée mais qui connaît un certain nombre de mutations positives (évolution remarquable des taux de scolarisation féminine, politiques de promotion de la femme, etc.) et en même temps reste prisonnière d'un certain nombre de pesanteurs loin d'être favorables aux femmes (statuts inégalitaires au sein des couples, forte fécondité, polygamie, etc.). Pour démêler les mécanismes complexes qui régissent l'insertion des femmes sur le marché du travail, nous mobilisons les données de l'Enquête Légère Intégrée auprès des Ménages (ELIM) de 2003. Les analyses montrent que les femmes des ménages les plus pauvres s'insèrent plus fréquemment que celles des ménages les plus aisés sur le marché du travail. Cette mobilisation de la main-d'œuvre féminine dans les ménages pauvres n'est que faiblement liée au niveau d'éducation. Ce n'est que dans les classes aisées que l'éducation joue pleinement son rôle comme facteur stimulant la participation des femmes à l'activité économique. Quand elles sont actives, les femmes occupent une position légèrement plus défavorable que les hommes, en étant plus nombreuses dans le secteur informel. Mais cette position s'explique essentiellement par des différences de capital humain car quand les femmes maliennes sont éduquées, elles ont quasiment les mêmes chances (voire plus) que les hommes de trouver leur place dans l'exigu mais protecteur secteur public. Par ailleurs, si les femmes des ménages pauvres sont massivement présentes sur le marché du travail, elles courent beaucoup plus de risques de se trouver reléguées dans les emplois précaires du secteur informel. Il en est de même des mères de jeunes enfants qui, quoique aussi présentes sur le marché du travail que les femmes n'ayant pas d'enfant à charge, sont plus contraintes de s'orienter vers le secteur informel.
    Original languageFrench
    PublisherCEPS/INSTEAD
    Number of pages15
    Publication statusPublished - 2009

    Publication series

    NameAfrilux
    PublisherCEPS/INSTEAD
    No.4

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    • Afrilux

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