Les perspectives familiales: les femmes peuvent-elles choisir librement entre leur vie familiale et leur vie professionnelle ? Envisagent-elles de concilier les deux ? Comment ?

Anne Aubrun

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Abstract

Faire un enfant ou privilégier sa carrière professionnelle, assurer les deux? Les femmes ont-elles le choix ? Quelle influence ont les projets de maternité sur les projets professionnels, et réciproquement ? La conciliation de la vie familiale et de la vie professionnelle reste encore pour la plupart des femmes un pari difficile à tenir. Afin de mieux connaître les perspectives familiales des femmes et la manière dont elles opèrent leur choix entre famille et activité professionnelle, ou comment elles envisagent la conciliation des deux, une étude a été menée au CEPS/ INSTEAD à partir des données du Panel Socio-économique Liewen zu Letzebuerg (PSELL). L'analyse porte sur 1776 femmes concernées par la venue d'un enfant à court ou plus long terme. Cet échantillon a été tiré de l'enquête de 1996 qui comportait un questionnaire spécial adressé aux femmes âgées de 15 à 45 ans actives ou inactives. Le nombre d'enfants idéal? Deux enfants semblent être la norme et ce chiffre correspond actuellement à la taille moyenne des familles. La moitié de l'échantillon en souhaiterait deux. Plus de 17% en veulent trois, et même 5% en désirent 4. Par contre, presque 8% des femmes n'en veulent aucun. L'échantillon étant plutôt jeune et les femmes ayant leurs enfants plus tard, elles n'ont pas encore réalisé tous leurs projets familiaux. Les femmes ayant déjà un enfant sont nettement plus nombreuses que celles qui n'en ont pas encore à en souhaiter un de plus. Activité, âge et enfant. Le pourcentage de femmes actives de l'échantillon ayant déjà un enfant est presque trois fois moins important que celui des femmes inactives : 36% des actives ont des enfants pour 87% des inactives. Le lien entre activité et enfant est ici très net : la maternité réduit l'activité, ou l'activité empêche ou retarde la maternité. On constate également que les femmes retardent leur projet d'enfant quand elles sont actives. Les femmes de moins de 25 ans actives ne sont que 7% à avoir des enfants contre 51% pour les inactives. Par contre les femmes de 35 à 44 ans sont 66% à avoir des enfants contre 90% des inactives. Après la naissance de l'enfant que devient l'activité professionnelle ? Près de la moitié des femmes reprendraient leur activité professionnelle après les congés de maternité alors que moins d'une sur dix envisagerait un arrêt définitif. Les autres femmes souhaitent arrêter de travailler pendant les premières années puis reprendre une activité à temps partiel. Les obstacles à la venue d'un enfant. Les obstacles ne sont d'ordre professionnel que pour 8% des femmes. Les raisons économiques sont avancées deux fois plus souvent (16.1%). Les autres raisons, non définies, représentent 81%. Les problèmes qu'elles pensent avoir à résoudre par ordre décroissant : - les problèmes organisationnels (horaires, partage des tâches avec le conjoint, garde de l'enfant), - les problèmes économiques (équipement pour l'enfant, nouvelle voiture, changement de logement, - les problèmes relatifs à la profession ou à l'emploi ne font pas partie des soucis les plus importants et sont largement devancés par l'arrêt de certains loisirs ou du sport, - la question de compatibilité entre vie familiale et vie professionnelle n'est un problème que pour une femme sur dix. Pour celles qui ont une activité professionnelle, la garde de l'enfant à venir constitue un problème majeur, "prévisible" et incontournable. Les solutions envisagées pour cette garde se partagent équitablement entre la famille et les aides extérieures. Quelle aide attendue ? Pour assumer leur double fonction familiale et professionnelle, la moitié des femmes actives n'attendent d'aide, ni de leur employeur, ni de leur entourage, ni des mesures de politique familiale et ne comptent que sur elles-mêmes. La solidarité familiale intergénérationnelle est assez forte puisque 30% envisagent de recourir à l'aide familiale. Seules 13% souhaiteraient que des mesures de politique familiale et sociale soient prises et 8% attendent une aide de leur employeur. L'allocation d'éducation n'est connue que de 60% des mères ou futures mères. Le congé parental récemment mis en place et assorti de conditions avantageuses telles que la garantie de réemploi et le montant de l'indemnité devrait être plus utilisé. Une enquête précédente avait montré que cette mesure était fortement souhaitée. Si une meilleure connaissance de leurs projets et des obstacles qu'elles prévoient permet de mettre en place une politique ciblée, susceptible de leur assurer un choix en réduisant les contraintes économiques, familiales ou structurelles, l'information relative à ces possibilités reste un élément déterminant dans le succès de ces mesures.
Original languageFrench
PublisherCEPS/INSTEAD
Number of pages48
Publication statusPublished - 1999
Externally publishedYes

Publication series

NameCahiers PSELL
PublisherCEPS/INSTEAD
No.114

LISER Collections

  • Cahiers PSELL

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