Analyse théorique des écarts de taux de salaire entre salariés résidents et transfrontaliers au Luxembourg.

Au Luxembourg, les taux de salaire des frontaliers semblent être inférieurs à ceux des résidents, et ceci toutes choses égales par ailleurs. Tel est le résultat d'analyse de plusieurs études réalisées au Grand-Duché (voir Langers, 1997 ; Hausman et al, 1998 ; Lejealle, 2001). Afin de déterminer les causes de ces écarts de taux de salaire, nous développons, dans la présente étude, un modèle théorique qui fournit un raisonnement économique à ce sujet. Pour expliquer une partie des écarts de taux de salaire entre frontaliers et résidents, nous avons tout d'abord recours aux théories existantes portant sur l'explication des écarts de taux de salaire entre salariés, sans considération, à ce stade, de leur pays de résidence. Nous commençons donc par une présentation des théories les plus importantes dans ce domaine. Bien qu'elles nous permettent de comprendre une partie des écarts de taux de salaire entre frontaliers et résidents, les théories passées en revue ne tiennent pas compte des caractéristiques propres à un marché du travail transfrontalier. Par conséquent, il est nécessaire de tenir compte de ce type particulier de marché. Or, il existe, parmi les théories présentées, un modèle qui semble bien se prêter à une application au marché du travail transfrontalier : il s'agit de la théorie de la recherche d'emploi. Selon cette théorie, une partie des écarts de taux de salaire entre salariés, quel que soit leur pays de résidence, serait imputable à des différences de demandes salariales. C'est parce que nous pensons que cette dimension de demande est fondamentale sur un marché transfrontalier que nous procédons alors à une présentation de cette théorie. Ensuite nous appliquons cette théorie de la recherche d'emploi à l'analyse du comportement de recherche des demandeurs d'emploi sur un marché du travail transfrontalier. L'objectif est alors de voir si les frontaliers ont des taux de salaire inférieurs à ceux des résidents parce qu'ils ont des demandes salariales inférieures à celles des résidents, celles-ci étant déterminées par des influences propres au pays de résidence des demandeurs d'emploi. Enfin notre étude porte sur l'analyse des conséquences, sur l'embauche, des écarts de taux de salaire entre frontaliers et résidents. Il s'agit de prédire si, d'un point de vue théorique, les écarts de demandes salariales entre frontaliers et résidents favorisent l'embauche des frontaliers au détriment des résidents.