Passé professionnel et durée de chômage en Europe. Mise en lumière des effets de structure et d'hétérogénéité

Comprendre le chômage pour contribuer à y apporter des solutions politiques nécessite de s'extraire des conclusions trop rapides auxquelles aboutirait une analyse incapable de prendre en compte toute la complexité du phénomène. Tel est l'objectif de l'étude menée par le CEPS/INSTEAD qui tente de comprendre et de décortiquer les mécanismes qui conduisent à sortir du chômage. Une perspective dynamique du chômage. Les statistiques officielles sur le chômage décrivent la plupart du temps le phénomène dans une perspective statique. En effet, pour définir le taux de chômage pour un mois donné, on rapporte le nombre de chômeurs recensé au cours de ce mois à la population active présente sur le marché du travail au même moment. Mais à la fin de chaque mois, certains individus, jusque-là au chômage, sortent des statistiques après avoir trouvé un emploi et cèdent leur place à d'autres qui viennent de perdre le leur. La prise en compte de cette dynamique dans le phénomène du chômage, c'est-à-dire de la rotation dans le «stock» de chômeurs, fournit une perspective sensiblement différente de l'ampleur du chômage. Sur une période de trois années (1993 à 1995), le chômage touche, selon les pays, deux à trois fois plus d'actifs que ce que disent les taux de chômage. Dans le cadre d'une comparaison internationale, cette approche dynamique permet de mettre en évidence, le cas échéant, un fonctionnement des marchés du travail différent d'un pays à l'autre. En effet, à taux de chômage égal, de faibles durées de chômage sont le signe d'une rotation importante dans le «stock» de chômeurs, répétant davantage l'existence d'un chômage frictionnel lié au temps de réaction nécessaire au marché pour adapter l'offre et la demande d'emplois. A l'opposé, des durées de chômage plus importantes peuvent correspondre à l'existence d'un chômage de longue durée plus préoccupant. La diversité des durées. L'objectif de l'étude réalisée par le CEPS/INSTEAD est de mettre en évidence les caractéristiques qui permettent de comprendre que certains individus vont parvenir à s'extraire du chômage très rapidement tandis que d'autres vont y demeurer pendant une période plus longue. Il existe un grand nombre de caractéristiques dont on peut supposer qu'elles agissent de façon significative sur les durées de chômage : l'expérience professionnelle, le sexe, l'indemnisation du chômage le cas échéant, l'environnement familial, la contrainte budgétaire qui s'exerce sur les chômeurs, la conjoncture nationale et internationale, etc. L'étude tente de mettre en évidence les effets de ces caractéristiques sur plusieurs groupes de chômeurs se distinguant par les éléments suivants :- l'âge (les mécanismes qui conduisent à sortir du chômage sont-ils les mêmes pour les jeunes chômeurs et pour leurs aînés ?),- l'existence d'une période de chômage antérieure (les mécanismes qui conduisent à sortir du chômage sont-ils les mêmes pour ceux qui ont déjà connu le chômage et pour ceux qui y sont confrontés pour la première fois ?),- l'existence d'une expérience professionnelle antérieure à la période de chômage (les mécanismes qui conduisent à sortir du chômage sont-ils les mêmes pour ceux qui ont déjà travaillé avant de connaître le chômage et pour ceux qui n'ont aucune expérience professionnelle ?).L'étude montre que la population au chômage n'est pas une population homogène. En d'autres termes, la sortie du chômage ne doit pas être appréhendée comme un phénomène unique régi par des mécanismes communs à tous les chômeurs mais comme un ensemble de microphénomènes, chacun étant spécifique à une certaine catégorie de chômeurs.