La différence de demandes salariales comme source des écarts de taux de salaire entre frontaliers et résidents luxembourgeois.

Dans les études précédentes, nous avons conclu que les taux de salaire des frontaliers sont, toutes choses égales par ailleurs, inférieurs en moyenne à ceux des résidents, du moins pour les frontaliers venant de France. L'objectif est alors de savoir si les écarts de taux de salaire entre frontaliers et résidents s'expliquent, en partie, par des différences de demandes salariales, elles-mêmes influencées par des déterminants régionaux sur le marché du travail transfrontalier au Luxembourg. Une enquête auprès d'entreprises implantées au Luxembourg nous fait conclure que les demandes salariales des frontaliers sont plus faibles que celles des résidents luxembourgeois. Nous concluons que les demandes salariales modérées des frontaliers se traduisent, du moins en partie, par des taux de salaire plus faibles que ceux des résidents luxembourgeois. Un tel lien entre taux de salaire demandés et taux de salaire effectifs semble d'autant plus réaliste que la majorité des employeurs enquêtés nous ont confirmé qu'ils sont libres de fixer les taux de salaire lors de la négociation avec les candidats à l'embauche. Une fois ce lien établi, notre objectif a alors consisté à comprendre pourquoi les demandes salariales des frontaliers sont inférieures à celles des résidents luxembourgeois. Nous avons pu montrer qu'au moment où ils entrent au Luxembourg, la majorité des frontaliers ne disposent pas d'une information exacte sur les taux de salaire offerts au Luxembourg et fixent leurs demandes salariales par rapport aux taux de salaire offerts dans leur propre pays de résidence, taux qui sont plus faibles que ceux proposés au Luxembourg. Nous en déduisons que c'est parce qu'ils ne se doutent pas des taux de salaire élevés auxquels ils pourraient prétendre, et/ou parce qu'ils se réfèrent aux taux de salaire relativement faibles offerts dans leur pays de résidence, que les frontaliers ont souvent des demandes salariales plus faibles que celles des résidents luxembourgeois.