Les déterminants du recours thérapeutique au Mali : entre facteurs socioculturels, économiques et d'accessibilité géographique

Ishaga Coulibaly, Balla Keita, Mathias Kuepie

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    Résumé

    Au Mali, l'état de santé de la population est loin d'être reluisante, quel que soit l'indicateur de santé retenu. Les facteurs qui sous-tendent cette situation sont de différents ordres. Un des plus importants est le comportement et l'attitude des individus face à la maladie ou aux situations à risque. Ce sont en effet ces attitudes qui vont déterminer l'issue de la maladie : guérison, aggravation, décès. L'objectif visé dans cette étude est d'analyser les facteurs qui déterminent le comportement thérapeutique des individus face aux épisodes de maladie. Autrement dit, en cas de maladie qu'est-ce qui va expliquer que certains individus recourent à la médecine moderne pendant que d'autres recourent plutôt à la médecine traditionnelle et que certains ne font rien ou se soignent eux-mêmes? Nous recourons aux données de l'Enquête Légère Intégrée auprès des Ménages réalisée dans l'ensemble du Mali en 2003 sur environ 5000 ménages. Cette enquête comporte plusieurs modules dont une sur la santé et le comportement en cas de maladie. Des analyses multivariées, il ressort que le niveau d'instruction du chef de ménage, utilisé comme indicateur des facteurs socioculturels, ne joue de façon significative sur le recours thérapeutique qu'à des niveaux élevés. En effet, ce n'est qu'à partir du niveau secondaire (soit après 10 années de scolarité) que le capital culturel devient un facteur de différenciation comportementale en cas de maladie. Si on suppose que le recours thérapeutique dépend de la perception qu'on a de la maladie, ce résultat implique que cette perception ne se modifie de façon significative que quand le ménage possède un capital éducatif important. Un autre proxy des facteurs socioculturels, en l'occurrence le degré d'urbanisation, n'a aucun impact sur le recours thérapeutique, alors qu'on s'attendait, a priori, à ce que les citadins, plus exposés aux symboles de la modernité et aux changements culturels, adoptent un comportement nettement différent de celui des ruraux face à la maladie même après avoir tenu compte de l'ensemble d'autres facteurs. Que tel ne soit pas le cas signifie que la citadinité en soi n'entraîne pas de changement de comportement au Mali. Au niveau des facteurs économiques, les analyses montrent que seuls les plus aisés, qui constituent environ 20% de la population malienne se différencient du reste de la population en recourant de façon plus intensive à la médecine moderne en cas de maladie, alors que les pauvres sont plus enclins à se replier sur la médecine traditionnelle. Les coûts directs et indirects de la médecine moderne rendraient les soins modernes seulement accessibles au plus aisés.
    langue originaleFrançais
    EditeurCEPS/INSTEAD
    Nombre de pages16
    étatPublié - 2008

    Série de publications

    NomAfrilux
    EditeurCEPS/INSTEAD
    Numéro3

    mots-clés

    • Mali
    • comportement thérapeutique
    • médecine moderne
    • médecine traditionnelle
    • santé

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