Les mesures de la pauvreté objective au Mali : à méthodes différentes, résultats différents ?

Assa Doumbia-gakou, Mathias Kuepie

    Résultats de recherche: Autre contribution

    24 Téléchargements (Pure)

    Résumé

    Les recherches actuelles sur la pauvreté mettent de plus en plus l'accent sur le caractère multidimensionnel du phénomène. En effet, même si son aspect le plus visible est matériel, il est désormais établi qu'il s'agit d'un phénomène ayant de multiples facettes, sans que ces différentes dimensions ne se recoupent toujours. Le caractère multidimensionnel de la pauvreté peut être cernée en combinant la pauvreté objective (c'est-à-dire mesurée à partir des conditions d'existence des individus) et la pauvreté subjective (c'est-à-dire mesurée à partir de la perception qu'ont les individus de leur bien-être). Mais avant même de combiner les dimensions objective et subjective, il convient de s'interroger sur le contenu et la méthodologie de construction de chacune des deux formes. Pour ce qui concerne la pauvreté objective en particulier, on peut distinguer, de façon schématique, deux principales méthodologies de construction : une méthodologie « simplifiée » basée sur la construction d'un indice à partir des caractéristiques de l'habitat et d'un ensemble de biens durables possédé par le ménage et une méthodologie « complète » basée non seulement sur les éléments de l'habitat et les biens durables mais aussi et surtout sur la valeur (monétaire et/ou calorifique) de l'ensemble des biens (achetés ou autoproduits) consommés par le ménage. Dans ce dernier cas, la consommation du ménage peut être saisie soit de façon continue à travers des passages journaliers d'agents enquêteurs, soit de façon rétrospective à travers un passage unique dans le ménage. Au Mali, deux enquêtes auprès des ménages offrent une possibilité rare de comparer les différentes méthodologies de construction des indicateurs de pauvreté : l'Enquête Malienne pour l'Evaluation de la Pauvreté au Mali de 2001 (EMEP 2001) et l'Enquête Légère Intégrée auprès des Ménages maliens de 2006 (ELIM 2006). Si toutes les deux recensent de façon quasiment exhaustive les biens durables possédés par les ménages ainsi que les caractéristiques de l'habitat, elles divergent dans leurs méthodologies de saisie de la consommation des ménages. EMEP 2001 procède par un enregistrement minutieux et méticuleux des dépenses des ménages : passage journalier des enquêteurs pendant une semaine dans les ménages pour l'enregistrement de la consommation quotidienne et régulière du ménage, saisie distincte des consommations et repas pris en dehors des ménages par ses différents membres, saisie des dépenses ponctuelles à l'occasion des cérémonies de baptême (naissance d'un enfant), etc. L'ensemble du dispositif a été reconduit sur les quatre trimestres de l'année 2001 afin de contrôler tout effet de saisonnalité. Au niveau de l'ELIM 2006, le dispositif d'enregistrement des dépenses a été énormément simplifié : même si des efforts ont été faits pour saisir de façon exhaustive toutes les dépenses et la consommation des ménages, tout a été enregistré uniquement de façon rétrospective et en un seul passage. L'objectif de la présente étude est de comparer l'impact des différences de méthodes de mesure de la consommation et des dépenses des ménages sur la mesure de la pauvreté au Mali. Plus précisément : après avoir démontré que la méthode mise en place par l'EMEP 2001 permet de saisir de façon exhaustive les éléments constitutifs du niveau de vie (et donc de la pauvreté), nous tenterons de montrer dans quelle mesure la méthode « simplifiée » laisse de côté ou au contraire surestime certaines composantes de la pauvreté objective.
    langue originaleFrançais
    EditeurCEPS/INSTEAD
    Nombre de pages16
    étatPublié - 2008

    Série de publications

    NomAfrilux
    EditeurCEPS/INSTEAD
    Numéro1

    mots-clés

    • Mali
    • bien-être
    • pauvreté

    Collections du LISER

    • Afrilux

    Contient cette citation